rabâcher

rabâcher

rabâcher [ rabaʃe ] v. <conjug. : 1>
• 1735; « faire du tapage » 1611; var. de l'a. fr. raba(s)ter (XIIe), d'un rad. expressif rabb-
1 V. intr. Revenir sans cesse, inutilement ou fastidieusement, sur ce qu'on a déjà dit. « Les vieilles gens rabâchent » (Hugo). radoter.
2 V. tr. Répéter continuellement, d'une manière fastidieuse. « Ils rabâchaient les mêmes arguments » (Flaubert). ressasser. Élève qui rabâche ses leçons.

rabâcher verbe transitif (radical préroman rabb- exprimant l'idée de tapage) Revenir sans cesse et de façon lassante sur les mêmes idées : Rabâcher des conseils. Apprendre un texte en le répétant longuement. ● rabâcher (difficultés) verbe transitif (radical préroman rabb- exprimant l'idée de tapage) Orthographe Avec un accent circonflexe sur le deuxième a ; de même pour les dérivés rabâchage et rabâcheur. Registre Familier. Dans l'expression soignée, préférer répéter, radoter et leurs dérivés. ● rabâcher verbe intransitif Répéter cent fois, sans cesse, les mêmes propos : Journaliste qui rabâche.rabâcher (synonymes) verbe intransitif Répéter cent fois, sans cesse, les mêmes propos
Synonymes :
- rebattre les oreilles de
- répéter

rabâcher
v. tr. Répéter sans cesse, d'une manière inutile ou fastidieuse. Il rabâche toujours les mêmes histoires.
|| Absol. Passer son temps à rabâcher.

⇒RABÂCHER, verbe
A. — Empl. intrans.
1. Fam. Synon. radoter. Tenir sans cesse les mêmes propos, traiter inlassablement les mêmes sujets. Survient Abbatucci, qui rabâche sans une idée et, qui pis est, sans une nouvelle (GONCOURT, Journal, 1870, p. 588). Nous rabâchons. Nous ressassons. Nous avons l'air de nous acharner (L. FEBVRE, Et l'homme dans tout cela? [1941] ds Combats, 1953, p. 99).
P. métaph. Il arrive quelquefois qu'un malade auquel on a hermétiquement bouché les oreilles n'entende plus le bruit d'un feu pareil à celui qui rabâchait en ce moment dans la cheminée de Saint-Loup (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 75).
Rare, empl. pronom. [P. méton. du suj.] On était alors en plein naturalisme; mais cette école (...) était condamnée à se rabâcher, en piétinant sur place (HUYSMANS, À rebours, 1903, préf., p. II).
Rabâcher de qqn, sur qqc., vx. Faire de quelqu'un, de quelque chose un sujet sur lequel on revient continuellement. Vos journaux continuent à rabâcher de moi (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 468). On a rabâché sur la contagion de leur corruption [de ces fillasses] (GONCOURT, Journal, 1868, p. 450).
Rabâcher autour de qqc., rare. Même sens. Est-ce que vous m'avez jamais, toi et tes frères, entendue rabâcher autour de l'amour comme ces gens font dans les livres? (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 59).
2. VÉN. [En parlant de certains chiens courants] Crier continuellement et en arrière de la meute (d'apr. Vén. 1974).
B. — Empl. trans., fam.
1. a) Répéter continuellement. Synon. ressasser. Rabâcher une histoire, les mêmes choses.
[Le compl. désigne des propos] Sous les traits de vieillards catarrheux et maniaques, rabâchant d'insipides discours, de centenaires phrases (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 6). Je me rabattais sur les sujets qui touchaient encore à Gilberte, je rabâchais sans fin les mêmes paroles (PROUST, Swann, 1913, p. 413).
P. anal. Il jouait de la flûte à ses heures de poésie, rabâchant insatiablement les mêmes airs (GIDE, Caves, 1914, p. 758).
[Le compl. désigne ce dont on parle, une idée, un thème] Il me rabâche sa parenté dix fois par jour (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 180). On nous rabâche constamment la grandeur des cénobites de Saint-Maur (HUYSMANS, Oblat, t. 1, 1903, p. 88). On lui avait rabâché la consigne: « Tu tireras sur les avions... » (SAINT-EXUP., Pilote guerre, 1942, p. 341):
Je ne sentais plus autour de moi de présences fraternelles. Mon seul recours, c'était mon journal intime; quand j'y avais rabâché mon ennui, ma tristesse, je recommençais à m'ennuyer, tristement.
BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 206.
Rabâcher que. Je vous rabâche que vous serez contents, quand vous lirez (HUGO, Corresp., 1866, p. 525). Je vois bien que vous croyez pouvoir produire sans avoir amassé: je vous ai rabâché, je vous rabâche que, pour faire un pain de miel, il faut avoir sucé toutes les fleurs de la prairie (SAND, Corresp., t. 6, 1876, p. 387).
Empl. pronom. réfl. indir. Se rabâcher qqc. Au fond, il ne savait même plus, à force de s'être rabâché cette histoire, s'il aimait mieux sa chimère (...) ou cette Hyacinthe (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 173). Pour la vingtième fois, je me rabâche, à moi toute seule, ces choses pas gaies (COLETTE, Vagab., 1910, p. 47).
b) Loc. Rabâcher les oreilles à qqn de qqc. Synon. de rebattre les oreilles (s.v. oreille). L'amour, comme dit Frédie, si c'est la même chose que l'amour de Dieu dont on nous rabâche les oreilles depuis des années, ça ne doit être encore qu'une fichue blague (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 204).
c) Apprendre en répétant souvent. Élève qui rabâche ses leçons. Il y a des leçons qu'on ne retient qu'en les rabâchant (DUB.).
2. Rare. [Le compl. désigne une activité] Recommencer. Alors il se réveilla pour de bon; et il se mit à faire réellement ce qu'il avait rêvé. C'était si exactement la même chose qu'il ne sut pas au juste s'il rabâchait un rêve ou s'il recommençait une action (ROMAINS, Copains, 1913, p. 77).
REM. Rabâché, -ée, part. passé en empl. adj. Dénué d'originalité. Que vais-je écrire à mon retour? Voilà ce que je me demande sans cesse. J'ai beaucoup songé à ma Nuit de Don Juan, à cheval, ces jours-ci. Mais ça me semble bien commun et bien rabâché (FLAUB., Corresp., 1851, p. 295). Ce serait un voyage peu coûteux, nullement vulgaire et rabâché (MALLARMÉ, Corresp., 1865, p. 151).
Prononc. et Orth.:[], [--], (il) rabâche [-], [-]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) 1611 rabascher « faire du bruit comme un lutin » (COTGR.); b) 1876 vén. (Lar. 19e); 2. 1735, 12 juin rabâcher de qqn « s'occuper sans cesse de quelqu'un » (VOLTAIRE, Œuvres compl., éd. L. Moland, Corresp., t. 1, p. 498, à Thieriot); 3. déb. XVIIIe s. verbe trans. (SAINT-SIMON, Mémoires, 17, 205 cité ds ADAM, p. 35); 4. 1762 « revenir sans cesse sur ce qu'on a déjà dit » (Ac.); 5. 1867 se rabâcher (SAND, Corresp., t. 5, p. 195). Dér. du rad. rabb, d'orig. prérom. ou peut-être germ. (v. FEW t. 10, p. 6b) qui exprime l'idée de faire du bruit; suff. -âcher. Cf. du même rad., l'a. fr. rabaster « faire du bruit, du vacarme » ca 1175, BENOÎT DE STE-MAURE, Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 35037. Fréq. abs. littér.:136. Bbg. ALESSIO (G.). Saggio di etimologie francesi. R. Ling. rom. 1950, t. 17, pp. 197-199. — QUEM. DDL t. 9.

rabâcher [ʀabaʃe] v.
ÉTYM. 1735; « faire du tapage », 1611; var. de l'anc. franç. rabaster (XIIe), d'un rad. expressif rabb-, selon Wartburg; P. Guiraud postule une préfixation en re-, ra-, de la famille de bât, bâche (lat. pop. basitare et basicare, du lat. class. basis « base »), par l'anc. franç. ou le provençal rabastar « ramener sur sa base », d'où « frapper », puis « faire du bruit, se quereller » (évolution sémantique peu évidente).
———
I V. intr.
1 Vx, littér. ou régional. || Rabâcher de qqn ou de qqch., en parler continuellement.
1 Vos journaux continuent à rabâcher de moi. Je ne sais quelle mouche les pique.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 69.
2 J'y reviens beaucoup trop souvent à mon enfance : j'en rabâche en vérité.
Loti, Mme Chrysanthème, XXXII.
2.1 (…) plongé dans des tableaux synoptiques affolants de tout ce que l'homme doit faire et ne pas faire pour demeurer « naturel », et dans ce qu'on pourrait appeler les travaux forcés de la vie « naturelle », enfin rabâchant de la nature, qu'il ne pouvait atteindre que par les artifices les plus saugrenus (…)
Montherlant, Pitié pour les femmes, p. 13.
2 Absolt. Mod., cour. Revenir sans cesse et inutilement ou fastidieusement sur ce qu'on a déjà dit (→ fam. Chanter toujours la même antienne). || Vieilles gens qui rabâchent (→ Ahurir, cit. 1). Radoter.
3 (Voltaire) répète, il rabâche. Il le sait, et il recommence. Une idée n'entre un peu dans le public qu'à force d'être redite. Mais il faut varier la sauce pour prévenir le dégoût. Il y excelle.
Gustave Lanson, Voltaire, VII.
3 (Av. 1870). Techn. (En parlant d'un chien courant). Aboyer sans arrêt.
———
II V. tr. (Déb. XVIIIe). Répéter souvent ou longtemps, d'une manière fastidieuse. || Rabâcher toujours les mêmes arguments (cit. 6). Ressasser (→ fam. Chanter qqch. sur tous les tons, rebattre les oreilles de).Rabâcher un air. || Élève qui rabâche ses leçons. Apprendre (longuement).
4 Je puis rabâcher, pendant six heures d'horloge, montre en main, des choses superbes.
Hugo, les Misérables, IV, I, VI.
5 (Th. Gautier) répète et rabâche amoureusement cette phrase : De la forme naît l'idée, une phrase que lui a dite, ce matin, Flaubert.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, p. 126-127.
6 Oh ! vraiment, vous me feriez douter de votre présence d'esprit. Il faut vous rabâcher les choses. Oui ou non, est-ce que je vous plais ?
J. Anouilh, le Bal des voleurs, p. 189.
DÉR. Rabâchage, rabâchement, rabâcherie, rabâcheur.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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  • rabâcher — vt. /vi., importuner // exaspérer // ennuyer // agacer rabâcher en ressassant toujours les mêmes choses, répéter sans cesse les mêmes choses ennuyeuses, ressasser ; demander avec insistance (ep. surtout des gamins) : rinmâ <rimer> (Albanais …   Dictionnaire Français-Savoyard

  • RABÂCHER — v. n. Revenir souvent et inutilement sur ce qu on a dit. Cet homme ne fait que rabâcher. Il est familier.  Il s emploie quelquefois activement. Il rabâche toujours les mêmes choses. RABÂCHÉ, ÉE. participe …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 7eme edition (1835)

  • RABÂCHER — v. intr. Revenir souvent et inutilement sur ce qu’on a dit. Cet homme ne fait que rabâcher. Il est familier. Il s’emploie aussi transitivement. Il rabâche toujours les mêmes choses …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 8eme edition (1935)

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